[Matières premières ] Dihydromyrcénol, Karanal et leurs amis

Parlons un peu de ces matières premières synthétiques qui sont décriées sur à peu près tous les blogs et autres supports web, mais qui constituent une énoooorme proportion de la plupart des parfums modernes, notamment masculins, mais pas que.

Comme j’ai eu la chance de mettre le nez sur ces matières premières brutes, je vais essayer de vous faire partager mon ressenti, même s’il ne vaudra jamais un bon coup de nez par vous-mêmes…

(Je précise que je les aborde ici mais qu’ils ne sont pas dans la box du « Projet Matières Premières » qui, elle, est partie vers sa première destinataire…)

Le Dihydromyrcénol, tout d’abord.

A propos de cette molécule, je vous invite à aller jeter un oeil à l’enregistrement de la conférence à ce sujet, animée par Maurice Roucel pour l’Osmothèque.

Cette molécule a été développée par la société IFF. Première apparition dans « Azzaro pour homme » en 1975 (environ 2% de DHM).

J’y sens principalement deux choses. L’effet « frais », fraîcheur, pas vraiment citronné mais quand même très fusant, et montant. La note est assez proche de ce point de vue de la calone, mais la calone a des notes iodées qui rappellent un peu l’huître, alors que l’effet du dihydromyrcénol est plus propre, moins « eau de mer ». De fait, très utilisé dans les produit détergents type nettoyants pour sols, il évoque la propreté en premier lieu (la bonne vieille histoire de la poule et de l’œuf…)

En soi, ce ne serait pas désagréable. Là où ça se complique, c’est que le deuxième effet « kiss cool » du dihydromyrcénol, c’est un effet un peu métallique. Cet effet est presque plus une sensation de goût que d’odorat, c’est la sensation qu’on a quand on se mord la langue par inadvertance, ou quand on est essoufflé après avoir piqué un sprint, ou quand on suce un doigt coupé jusqu’au sang… Une sensation que je rapproche aussi de l’odeur du métal, si tant est qu’il en ait une, saline, un peu écœurante. Et forcément les situations de la vie courante que j’évoque, pas très cool à vivre, ne contribuent pas à faire apprécier cet aspect de l’odeur.

Ensuite, les boisés qui sont dits ambrés par les marketeux, ou qui piquent par les blogueurs parfums… 😉

7740114558_434f0d6c1c_k

J’avais envie de vous parler du karanal, par exemple. Mais à vrai dire, ce billet de blog illustre tout à fait ce que je ressens à propos de ce matériau : pour moi, pas d’ambre, pas un brin de chaleur là-dedans. Le vrai bois qui s’en rapproche le plus, c’est le cèdre avec son côté montant, un peu astringeant, qui s’implante dans le haut du nez. Mais c’est tellement plus vif, plus piquant, plus hystérique comme le dit si bien l’auteur du billet, que ça ne ressemble plus vraiment à quelque chose qui m’évoque une ballade sympa en forêt.

Je ne vous parlerai pas du cédramber, autre molécule de synthèse, parce que simplement j’y suis quasi totalement anosmique. Je sens simplement un vague effet boisé là où d’autres sentent un truc qui hurle, un peu comme le karanal (mais en moins sec). Cette expérience illustre d’ailleurs en effet que ces notes nouvelles me semblent un peu difficiles à manier, du fait de la proportion d’anosmiques qui les sentent à peine (de mauvaises langues insinuent même qu’il y a quelques parfumeurs parmi les anosmiques ! Je n’irais pas si loin). Si je n’ai connu qu’une seule personne qui ne sentait pas l’éthylmaltol (et qui trouvait Angel assez bizarre comme parfum !), j’en ai croisé davantage qui ne sentaient pas, à des degrés divers, ces bizarres notes boisambrées. De ce fait, les parfums qui en comportent paraissent doux à certains (qui les portent) et surpuissants à d’autres (qui les croisent dans le métro)…

Un de ces jours, je vous parlerai de l’ambroxan, qui est l’une des premières molécules de cette famille des bois ambrés. Celle-ci est à mon nez la plus intéressante de la bande…

Références :

– Conférence de l’osmothèque :

Une liste de parfums qui contiennent du dihydromyrcénol :

  • Azzaro pour homme
  • Paco Rabanne pour homme
  • Cool Water (4% DHM)
  • Fahrenheit
  • Obsession et Eternity
  • Egoiste Platinum
  • Joop ! (50% DHM)
  • Allure Homme Sport & Bleu
  • J’adore (hé oui…)
  • DKNY Be Delicious

Une petite citation de Maurice Roucel lors de cette conférence, qui m’a laissée rêveuse :

« Les sociétés comme Chanel, Dior, Hermès, sont des sociétés qui ont le devoir de faire avancer le schmilblick en parfumerie »

– Le billet de blog « Belles Molécules » sur le karanal, ce blog est tenu par l’auteur du livre « Esprit de synthèse » déjà évoqué ici

A propos Carole

Blogueuse Olfaction(s)
Cet article, publié dans Matières premières, est tagué , , , , , . Ajoutez ce permalien à vos favoris.

3 commentaires pour [Matières premières ] Dihydromyrcénol, Karanal et leurs amis

  1. Isabelle dit :

    J’avais vu le billet de Belles Molécules sur le karanal, et sans avoir mis le nez sur la molécule pure, je vois assez bien l’effet que ça produit, ce coté « je te récure les narines ». Ce qu’on reproche souvent aux parfums masculins à base de « boikipik », ce n’est pas d’en utiliser, c’est d’en mettre trop. Il est d’ailleurs amusant de noter que, d’après Belles Molécules, les hommes y soient si peu sensibles. S’ils savaient, les pauvres êtres inondés de Invictus et autres Hugo Boss que je croise dans les transports, l’effet répulsif que les parfums surdosés en karanal peuvent avoir sur certaines femmes … Alors que dans Une rose de Malle, le karanal sait rester à sa place !
    Sinon, un chouette billet sur la question ici aussi :
    http://musquemoi.com/2014/02/09/bois-ambres/

    J’aime

    • A la rose dit :

      Très intéressants ces billets sur les matières premières Aaricia !
      Ah je comprends mieux alors ce côté métallique qui me déplait dans Une Rose de Malle, ça doit être le karanal…
      50 % de DHM dans Joop Homme, quelle horreur ! Par contre je le sens si peu dans J’Adore, je me concenterais pour voir si je le détecte mieux maintenant.

      J’aime

  2. Ping : Escapade parfumée à Paris – 2 | Olfaction(s)

Laisser un commentaire