Lecture : Mademoiselle Coco et l’eau de l’amour

Je suis tombée dessus chez mon libraire préféré et je l’ai acheté sur un coup de tête (j’achète souvent des livres sur des coups de tête, bien plus que des parfums pour lesquels je suis plus réfléchie…)

Il s’agit d’un roman qui retrace (ou réinvente, on ne sait pas trop) une partie de l’histoire de Gabrielle, dite Coco, Chanel. Précisément, entre moment où son amant, Boy, meurt, et le moment de la sortie du parfum mythique, le n° 5 bien évidemment.

Il est visiblement difficile d’écrire sur Chanel, parce qu’elle a été assez mystérieuse, voire affabulatrice, sur sa vie. J’ai lu quelques biographies d’elle, car le sujet m’intéresse ; on voit bien qu’il y a des parties qui sont assez peu documentées.

Le roman, donc, est assez facile à lire, bien écrit, et le focus fait sur le sujet du parfum évite les lourdeurs d’une biographie traditionnelle.

En revanche, il n’échappe pas à certains poncifs de la parfumerie. Ainsi, le parfumeur François Coty qui propose à Gabrielle un pot de café pour lui « vider le nez » après 3 olfactions, je l’avoue, j’ai trouvé crispant. Crispant parce que ça dénote quand même une méconnaissance du sujet des odeurs, à travers cette tarte à la crème que vous entendrez dans tous les Séphora… Non, votre nez n’est pas « surchargé » après avoir senti 3 parfums, et non, le café n’est pas un effaceur d’odeurs. Humer l’intérieur de votre coude, donc vous « réinitialiser le nez » sur votre propre odeur qui est votre référence, sera beaucoup plus efficace si vous estimez être saturé.

De même, les descriptions olfactives sont pauvres en vocabulaire. C’est bien dommage de ne pas entendre un peu parler de l’effet des aldéhydes sur un bouquet floral, quand le sujet est le numéro 5 ! Egalement, la notion de parfum « artificiel » -lié aux aldéhydes d’ailleurs- voulu par Chanel est également à peine effleuré.

Sur la composition du parfum, on ne lit finalement qu’assez peu de chose, notamment la thèse de la parenté avec le « Bouquet de Catherine », parfum des tsars de Russie – thèse reprise dans d’autres biographies, mais a priori invérifiable. On lit également l’hypothèse de l’erreur de dosage d’une laborantine, repris dans plusieurs mythes de la parfumerie.

Tout ceci confère un côté très romanesque à l’histoire. Les aspects moins glorieux de la vie de Chanel, notamment pendant la guerre, ne sont pas évoqués ; on reste dans le strass et les paillettes. Pour qui a une curiosité modérée pour le sujet, ce sera une bonne introduction à l’univers de Chanel, à son style de vie, à sa création du parfum. Pour qui se veut un peu pointu, a minima précis, sur les parfums ou sur l’univers de Chanel, avouons-le, ça laisse un peu à désirer…

Mademoiselle Coco et l’eau de l’amour, par Michèle Marly, Fleuve Editions, paru en janvier 2021

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Un commentaire pour Lecture : Mademoiselle Coco et l’eau de l’amour

  1. Mutti dit :

    Analyse précise et fouillée, ça donne envie de le lire 😉

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