Odeurs d’apiculture

Hé oui, j’ai plusieurs intérêts dans la vie (les mauvaises langues disent que j’en ai trop, je ne vois pas pourquoi…), dont l’apiculture fait partie. L’une des choses qui me plaisent là-dedans, c’est clairement le foisonnement d’odeurs autour de cette activité.

Je vous mets dans l’ambiance ? Équipons-nous.

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On enfile la combi, mais on ne met pas encore le voile, parce qu’il faut préparer l’enfumoir et qu’avec le voile, c’est moyen pratique. Quelques petits bouts de carton pour démarrer, on met le feu, on rajoute des feuilles mortes (ou des petites pommes de pin) pour faire une belle fumée blanche. Comme on est juste au-dessus, on en prend plein les narines, de cette odeur de feu qui démarre… Je ne me sers jamais de pommes de pin, mais quelque soit le combustible, feuilles mortes, herbes sèches, bouts de bois, ça sent peu ou prou la même chose. La fumée, assez âcre, mais très « feu de bois » dans tous les cas. Délice olfactif (qui va durer quelques heures sur les mains et sur les vêtements, même ceux qui sont en dessous de la combi… C’est là que je bénis le peu d’odorat de mes collègues qui me supportent 1/2h après mon escapade auprès des mes fifilles).

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Si vous enfumez bien, l’odeur de miel qui émane de la ruche bien remplie va être assez peu perceptible. Dommage, c’est une belle odeur aussi. Mais il vaut mieux : c’est l’odeur de la fumée qui va limiter l’agressivité des abeilles, car elle couvre l’odeur de leurs phéromones d’alerte.

On en profite à plein, de cette odeur de miel, en fin d’été, quand on fait la mise en pots du miel de l’année (enfin, si on a la chance d’avoir des abeilles qui en engrangent suffisamment 🙂 ). C’est très fort, presque enivrant. Le miel qui sort des rayons a un goût qui parait meilleur que le miel en pot. D’une, parce qu’on l’a fait, de deux, parce qu’il n’a pas eu le temps de s’oxyder.

Hiver. On va les laisser tranquilles (il fait 32° dans la ruche, qu’elles obtiennent en formant une grappe pour se tenir chaud. Pas question de les déranger quand il fait froid). Mais on prépare la prochaine saison. C’est le moment de préparer les cadres d’amorçage avec de la cire gaufrée. Odeur subtile, délicate à mon nez, mais puissante. Cette odeur, vous la connaissez aussi, c’est l’odeur de la cire qu’on utilise sur les meubles, ou des bougies non parfumées.

On prépare les futures ruches : à la livraison, elles sentent le pin à peine découpé comme dans les magasins de bricolage. Un coup de peinture (sans COV, sans pesticides ni insecticides, évidemment. Ça sent moins fort qu’une peinture normale mais un peu quand même), ou si vous êtes écolo, de l’huile de lin associée ou non avec un peu de térébenthine (qui dégage bien les naseaux aussi, mais les abeilles en raffolent).

Printemps. Quand on est apiculteur, on se surprend à essayer d’identifier l’odeur des arbres en fleur, pour savoir s’ils vont profiter à nos fifilles, ou pas. Sachez, au passage, que quand on dit « ça sent le pollen », c’est pas vrai. Le pollen ne sent rien ou presque. Ce qu’on sent au printemps, c’est le nectar des fleurs, cette eau sucrée et aromatisée qui est exsudée par les fleurs, justement, pour attirer les pollinisateurs. Forcément, nectar et pollen sont émis en même temps, ce qui explique la confusion (et c’est bien le pollen qui peut être allergisant). Allez zou les filles, au boulot, en ce moment, les pruneliers sont en fleur !

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Été. En région parisienne où j’habite, c’est en particulier la miellée (= le moment où les fleurs émettent du nectar, qui sera transformé en miel) du tilleul, qui est très importante pour les abeilles. Je marche sous les allées de tilleuls en fleurs pour aller au boulot, et le plaisir est double : l’odeur est délicieuse, et je sais que c’est jour de fête pour les filles.

J’espère vous avoir donné envie d’aller voir ça de plus près…

A propos Carole

Blogueuse Olfaction(s)
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9 commentaires pour Odeurs d’apiculture

  1. Laure B. dit :

    Félicitations pour cette passion pour l’apiculture ! Et merci pour ce beau billet printanier.
    Je trouve que le miel (son odeur) se révèle différente selon les saisons, allant du chaud et rond en hiver, au tiède et enjoué au printemps.

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  2. piqwic dit :

    Merci pour ce beau moment de partage via ton blog…çà me donnerait presque envie d’avoir moi-même des ruches.

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    • Aaricia dit :

      J’adorerais susciter des vocations ! Sache que partout en France on trouve des ruchers-école gérés par les organismes « GDSAIF », ça peut être sympa pour s’initier dans de bonnes conditions.

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  3. overose dit :

    Très jolie passion que tu as là et que je découvre. As-tu encore d’autres talents cachés comme celà.
    Ton article est très intéressant et c’est marrant car il y a quelques temps je recherchais des articles sur le net pour comprendre comment était fait le miel de sapin et celà vaut son pesant de cacahuètes, sans vouloir faire un vilain jeu de mot 😉
    Bonne continuation à toi et à très bientôt.

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    • Aaricia dit :

      ah oui, le miel de sapin, n’est pas issu du nectar de fleurs car les sapins n’en produisent pas (comme tous les épineux), mais du miellat des pucerons qui les squattent, qui est bien entendu transformé par les abeilles tout comme elles transforment le nectar… Du coup, les composions des différents sucres sont différentes, et il a des propriétés que d’autres miels n’ont pas…

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  4. Viviane dit :

    Les fleurs sont celles de ton jardin? belle image de printemps 😉

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  5. Yolene dit :

    Coucou Carole
    Des amis partageaient ça aujourd’hui sur facebook
    Je te transmets le lien !
    http://www.environnement.brussels/news/portraits-dabeilles-un-autre-regard-sur-le-monde-dailes-et-de-miel
    Les vacances approchent, une idée d’escapade pas parfumée à Bruxelles 🙂
    Bye bye
    Yolene

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  6. Ping : Odeurs croisées : Bois d’Argent / Bois d’Iris | Olfaction(s)

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